Révolution industrielle

7.

Le Valais en mutation

AIAG (Alusuisse), roue pelton, centrale hydroélectrique

Canton rural, défiant la verticalité et les méandres du Rhône, axe alpin essentiel pour la mobilité et le commerce européen, le Valais, son fleuve et sa société se sont transformés irrémédiablement sous l’impulsion de la révolution industrielle.

La révolution industrielle a complètement changé le paysage européen depuis le milieu du XIXe siècle. Cet événement majeur de l’histoire moderne a redéfini et transformé l’agriculture, l’industrie, l’économie, le commerce, les transports et la société. Les découvertes technologiques, comme le moteur à vapeur, le développement et l’optimisation de la production agricole et industrielle, la découverte de nouvelles énergies (le charbon puis l’électricité) ont bouleversé les manières de produire, de commercer et même de vivre des sociétés. Le développement du commerce et de l’industrie s’est également accompagné de bouleversements sociaux importants. Deux nouvelles classes sociales sont apparues au cours de ces transformations : les ouvriers et les patrons. Des conflits ont rapidement éclaté entre ces deux classes et ont amené des combats pour l’amélioration des conditions de travail, des salaires, etc., pour les ouvriers. Ces grands changements sont intervenus petit à petit et de manière inégale dans les pays européens et leurs différentes régions. Depuis l’Angleterre, en passant par la France et l’Allemagne, ils sont arrivés jusqu’en Suisse et en Valais. Notre canton a donc également été touché par le développement des industries, des transports, du commerce et par les transformations sociales provoquées par cette révolution industrielle. Notre société et nos territoires en portent encore les traces aujourd’hui.
L’agriculture était la principale activité économique du Valais jusqu’au milieu du XIXe siècle et de l’arrivée de la révolution industrielle dans le canton. La 1re correction du Rhône, l’essor des transports sur rails, le développement du commerce et de la mécanisation ont permis de voir apparaître petit à petit de nouveaux secteurs industriels et agricoles encore inexploités dans la plaine du Rhône. Mais c’est au début du XXe siècle que la révolution industrielle s’installe définitivement dans le canton. Le développement de l’exploitation de l’énergie hydroélectrique avec la construction de nombreux barrages à travers tout le canton, comme celui de la Souste souligne cette évolution.

En effet, à partir de 1900, plusieurs sites industriels voient le jour tout au long du Rhône en profitant de son apport en eau et en énergie : Chippis et son usine d’aluminium, Monthey avec sa fabrique électrochimique et sa verrerie, Martigny avec une autre usine d’aluminium et l’industrie chimique
« Lonza », qui pose ses valises à Viège.

AIAG (Alusuisse), ouvriers au bord du Rhône

Le Rhône n’était plus seulement endigué pour nous protéger, développer la mobilité et le commerce, mais également exploité pour créer de l’énergie. C’est pendant cette période que le Valais commence à développer son industrie métallurgique, chimique, du bois et du bâtiment. Plusieurs sites industriels voient le jour tout au long du Rhône en profitant de son apport en eau et en énergie : Chippis et son usine d’aluminium, Monthey avec sa fabrique électrochimique et sa verrerie, Martigny avec une autre usine d’aluminium et l’industrie chimique « Lonza », qui pose ses valises à Viège.

L’industrie se développe, la société se transforme
Le secteur industriel valaisan se développe rapidement et supplante le secteur agricole au cours du XXe siècle. Ces nouvelles usines attirent de plus en plus d’ouvrier·ère·s valaisan.ne.s mais aussi étranger·ère·s. Le développement des usines et l’augmentation massive du nombre de travailleur·euse·s va bouleverser l’économie et la société en général. Il y a plus d’argent en circulation, le niveau de vie augmente, les ouvrier·ère·s commencent à se battre pour améliorer leurs conditions de travail, leurs salaires, et créent des syndicats pour organiser cette lutte.

La culture ouvrière va doucement transformer les manières de penser, de travailler et de vivre au cours du XXe siècle.

AIAG (Alusuisse), construction de l’ancien barrage de la Dixence, 15.08.1934

En juin 1917, par exemple, 1800 ouvriers se mettent en grève à Chippis pour demander un meilleur salaire, de meilleures conditions de travail et surtout le droit de se défendre contre ceux qui les emploient. La culture ouvrière va doucement transformer les manières de penser, de travailler et de vivre au cours du XXe siècle (moins d’heures de travail, congés payés, développement des loisirs, etc.). Elle va également impacter la politique valaisanne avec la mise en place de syndicats et des nouveaux courants politiques comme en 1919 et la création du parti social-démocrate.
Ainsi, la société valaisanne traditionnellement rurale s’urbanise progressivement et la population, descendant des vallées latérales ancestrales, s’installe définitivement dans la plaine. Aujourd’hui, un tissu urbain s’étend sans discontinuer de Villeneuve à Brigue.

Pour aller plus loin
→ A ton avis, le Rhône est-il encore utilisé pour créer de l’énergie aujourd’hui ?
→ Les usines créées au début 1900 sont-elles encore en fonction aujourd’hui ?

Laurence Piaget-Dubuis, centrale hydroélectrique, 2014

Mots clés
Commerce, transport, énergie, mutation, industrialisation

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7. Révolution industrielle. Le Valais en mutation

Bibliographie

Les ouvriers en Valais, entre « révolution industrielle » et « révolution conservatrice », Pavillon, Sophie, Annales valaisannes : bulletin trimestriel de la Société d’histoire du Valais romand, 1998, pp. 149-170

Crédits

  1. AIAG (Alusuisse), roue pelton, centrale hydroélectrique
  2. AIAG (Alusuisse), ouvriers au bord du Rhône
  3. AIAG (Alusuisse), construction de l’ancien barrage de la Dixence, 15.08.1934
  4. Laurence Piaget-Dubuis, centrale hydroélectrique, 2014

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