Urbanisation

8.

Extension urbaine de la plaine du Rhône

AIAG (Alusuisse), plaine du Rhône, Sierre, vers les année 1930

La plus grande partie de la population valaisanne vit actuellement en plaine. Une plaine où, à une époque pas si lointaine, le Rhône débordait de son lit principal quelques heures seulement après le début d’un orage. En modelant le Rhône, l’homme a imposé une place à la nature.

« De Valère, il faut suivre des yeux le cours du fleuve. Il invente à chaque pas son chemin, aussi attentif à varier son destin que la route des hommes s’efforce d’aller droit. Large route d’eau entre les peupliers, elle aussi la voici qui traverse les vergers… » — Maurice Zermatten, 1941.
Sur cette ancienne photographie montrant la plaine du Rhône dans la région de Sierre, on aperçoit le fleuve avant la 2e correction (1936-1961). Les terres agricoles s’étendent jusqu’aux rives d’un Rhône large et moins profond. Les peupliers omniprésents ont été plantés pour diminuer l’humidité du terrain.
Cependant, au milieu du XXe siècle, les Valaisan∙ne∙s abandonnent le travail agricole peu rentable dans les vallées latérales et s’installent massivement en plaine. Durant les Trente glorieuses *, la route cantonale, puis l’autoroute et les digues remplacent une partie du lit naturel du Rhône. Les habitations se développent intensivement.
Cette intensification n’est pas le fait uniquement du logement. L’industrie, qui s’était déjà installée depuis longtemps en profite pour agrandir son périmètre, en particulier dans les régions de Monthey et de Visp ; aujourd’hui, aux villas et aux immeubles se sont ajoutés des lieux au service de l’homme et de ses activités (golfs, zones artisanales et commerciales).

La nature a cédé le pas face au développement des activités humaines, ce qui a mené à une urbanisation des terres presque ininterrompue entre Villeneuve et Brig.

Désormais, les villes historiques et leurs périphéries se confondent quasiment : Fully rejoint Martigny et Vissigen est presque une ville aux abords de Sion. Toutes les commodités s’y trouvent, sans que l’on ait à se rendre forcément dans le « centre-ville ». La nature a cédé le pas face au développement des activités humaines, ce qui a mené à une urbanisation des terres presque ininterrompue entre Villeneuve et Brig.
Jamais la plaine n’a été aussi organisée et diversifiée. Les espaces naturels, pour les protéger, sont délimités. La dernière portion où coule le Rhône librement, au bois de Finges, la plus grande zone protégée du Valais, est entrée à l’inventaire des paysages et monuments naturels de Suisse en 1967.

Le développement durable a aussi fait son chemin dans les esprits et on admet alors que la seule solution est de redonner une part de liberté au fleuve. Les villes qui, jusqu’alors, essayaient de s’étendre doivent maintenant se densifier. Les rives souvent peu appréciées du Rhône doivent rendre possible une utilisation douce du fleuve grâce à la balade, le déplacement à vélo et la détente.

Laurence Piaget-Dubuis, première mesure de la 3e correction du Rhône réalisées pour élargir le fleuve, embouchure de la Vispa, Viège, 2022

Avec les deux premières corrections du Rhône, les humains se pensaient à l’abri des caprices de la nature ; mais, suite aux nouvelles inondations catastrophiques de l’an 2000, des réflexions ont dû être menées et une 3e correction décidée. Cette nouvelle démarche marque une rupture : on se rend compte que la technique ne répond pas à tous les besoins. Le développement durable a aussi fait son chemin dans les esprits et on admet alors que la seule solution est de redonner une part de liberté au fleuve. Les villes qui, jusqu’alors, essayaient de s’étendre doivent maintenant se densifier. Les rives souvent peu appréciées du Rhône doivent rendre possible une utilisation douce du fleuve grâce à la balade, le déplacement à vélo et la détente. Mais cette 3e correction fait l’objet de polémiques : le Rhône et sa plaine sont devenus un lieu de cohabitation mais aussi de conflits. Sur une portion de terre limitée, les intérêts divergent entre les besoins de l’agriculture, de l’industrie, de l’urbanisation, des loisirs et de la nature… Les solutions pérennes ne peuvent être que des compromis et les opportunités iront de pair avec quelques sacrifices.
Plus que jamais, le Rhône symbolise à lui seul tous les défis de l’Histoire. Son chemin est en continuelle évolution. Maurice Zermatten avait raison : « le fleuve est attentif à varier son destin ».

Pour aller plus loin
→ Visite la réserve naturelle du bois
de Finges ici.
→ Consulte des vues aériennes de l’évolution de l’extension urbaine en plaine du Rhône ici.

Mots clés
Croissance, aménagement du territoire, urbanisation, développement durable.

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8. Urbanisation. Extension urbaine de la plaine du Rhône

Bibliographie

Borgeat-Theler, Muriel, Le Rhône et ses riverains à la fin du Moyen Age entre Sion et Martigny, Lausanne : Université de Lausanne, Faculté des Lettres, Section d’histoire, 2008
Feuilles infos générales, n°4 Sion, Troisième correction du Rhône, Département des routes et des cours d’eau du canton du Valais, mai 2008

Crédits

  1. AIAG (Alusuisse), plaine du Rhône, Sierre, vers les année 1930
  2. La ville de Sion vue depuis la colline de Montorge. Photo : Christian David, 2022, (CC BY 4.0)
  3. Laurence Piaget-Dubuis, première mesure de la 3e correction du Rhône réalisées pour élargir le fleuve, embouchure de la Vispa, Viège, 2022

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